Dans la leçon précédente, nous avons conclu notre étude de la communauté chrétienne en examinant l’importance pour les chrétiens de s’accepter les uns les autres en dépit des différences qu’ils avaient avant de devenir chrétiens. Cette semaine, nous reviendrons à l’épître aux Romains pour considérer comment s’accepter les uns les autres en dépit d’un certain type de différences que nous avons même après être devenus chrétiens.
Lire Romains 14.1-5. C’est clair que cette controverse menaçait l’unité des chrétiens de Rome. Avant de chercher des parallèles, nous devons d’abord comprendre quelles étaient les questions spécifiques et la terminologie utilisée par Paul pour décrire les deux camps.
Le culte polythéiste faisait partie du tissu de la société gréco-romaine. Les adorateurs offraient généralement des sacrifices d’animaux dans les temples. Les prêtres étaient autorisés à garder la plupart de la viande comestible, qu’ils vendaient dans les temples (1 Corinthiens 8.10) ou aux vendeurs sur les marchés de la ville (1 Corinthiens 10.25). Comme il n’y avait pas de tampon « USDA » (réglementation officielle de la qualité), les gens n’avaient aucun moyen de savoir d’où venait la viande.
Était-il permis aux chrétiens de manger de la viande qui aurait pu être sacrifiée à des idoles ? Deux groupes étaient fortement en désaccord à ce sujet.
Certains se sentaient libres de manger, parce que tout ce qui a été créé par Dieu est bon, parce que leur état spirituel était assuré par le Christ, et parce que rien dans les Écritures n’interdisait de faire cela (concernant l’adoration des idoles – oui ; concernant la consommation de viande sacrifiée à celles-ci – non). Paul appelle ce groupe les « forts dans la foi » (Ro. 15.1).
D’autres (probablement d’origine juive) n’étaient pas d’accord. Ils avaient peur qu’en mangeant cette viande, ils participeraient d’une manière ou d’une autre au culte des idoles – et ils seraient donc spirituellement contaminés. Alors, ils estimaient que la seule solution spirituellement sûre était de ne manger que des légumes. Paul appelle ce groupe les « faibles dans la foi » parce que leur foi n’était pas suffisamment informée par la Parole de Dieu pour pratiquer cette liberté.
Ces deux groupes étaient manifestement en désaccord sur une autre question : si un certain jour de la semaine (probablement le sabbat) était-il par essence spirituel et devait-il être observé de certaines manières ? Les « faibles » pensaient qu’il l’était ; les « forts » n’étaient pas d’accord.
Voyez-vous des parallèles à notre époque ? Si vous êtes chrétien depuis un certain temps, vous savez que les chrétiens sont en désaccord sur de nombreuses questions de ce genre.
Exemples prescriptifs (« jours ») : services religieux du dimanche ; baptême et communion par le clergé ; le Carême et autres jours religieux ; utiliser uniquement la langue du 17ème siècle pour les prières et la lecture de la Bible ; dire la grâce avant les repas.
Exemples prohibitifs (« viande ») : alcool ; jeux d’argent pour les loisirs ; certains films et musiques ; nourriture et boissons dans le « sanctuaire » ; vêtements décontractés à « l’église ».
QUALIFICATION : Il existe d’autres raisons valables pour lesquelles les chrétiens pourraient se restreindre dans certains de ces domaines : faiblesse morale (ex-alcoolique, par exemple) ; préférence culturelle (hymnes classiques, par exemple). Nous devrions évidemment respecter leurs décisions dans ces domaines – mais il ne s’agit pas de questions de « faiblesse dans la foi ».
Qui avait raison dans cette controverse ? Il n’y a aucun doute que les « forts » avaient raison – et il n’y a aucun doute que Paul lui-même était l’un des « forts ». Il nous dit sa position sur la consommation de cette viande en Romains 14.14 (lire), et sur l’observance du jour en Colossiens 2.16,17 (lire) – et je pense qu’il prendrait la même position sur ces autres controverses actuelles.
La plupart d’entre vous prendraient la position « forte » sur ses questions. Mais vous avez des frères et des sœurs en Christ ici qui prennent l’autre position, et vous en avez probablement dans votre famille, au travail, dans votre quartier, etc.
Mais même si vous êtes « fort », cela ne signifie pas que vous êtes spirituellement mature ! Les « forts » de Rome et de Corinthe l’ont prouvé à l’époque – et je pense que beaucoup d’entre nous dans cette église le prouvent aujourd’hui. Dans ce passage, Paul nous met au défi d’être matures et « forts » - et nous dit comment le démontrer par notre relation avec les « faibles ». Dans ce passage et dans les parallèles de 1 Corinthiens 8 et 10, Paul nous donne quatre principes …
Lisez ces versets avec moi et voyez si vous pouvez comprendre le premier principe (lire Ro. 14.1,3,6-8,10). C’est assez clair, n’est-ce pas ? Les « forts » doivent les accueillir en tant que disciples sincères du Christ, plutôt que de les juger comme non spirituels. En fait, Paul dit dans Romains 14.9-12 que nous devrions laisser au Seigneur lui-même la détermination finale de la spiritualité des uns et des autres.
Pourquoi Paul insiste-t-il sur ce point ? Je n’ai jamais eu besoin de regarder plus loin que le bout de mon propre nez pour connaître la réponse à cette question. Il est si facile pour moi de conclure que les autres savent mieux que moi, et qu’ils sont donc délibérément des pharisiens légalistes et hypocrites qui essaient simplement d’emprisonner tous les autres. De telles personnes existent bel et bien. Nous en parlerons plus tard, et ce passage ne s’applique pas à eux. Mais il y a aussi beaucoup de chrétiens sincères et engagés qui, pour diverses raisons (jeunesse spirituelle, manque d’accès à un bon enseignement ; formation religieuse) sont « faibles ».
Chaque fois que je participe à des conférences chrétiennes, je dois faire face à ce problème. Je subis un « choc culturel ». Ils font souvent grand cas du culte de dimanche, de l’habillement formel, de la prière avant les repas, etc. Je ne peux pas parler du dernier film séculier que j’ai apprécié, ni les inviter à prendre une bière. Il est si facile pour moi de les considérer comme des pharisiens (et certains d’entre eux le sont). Mais lorsque j’arrive à connaître beaucoup d’entre eux, je trouve qu’ils sont aussi (ou plus) engagés envers le Christ que moi ! Nous pouvons être en désaccord sur certaines de ces choses, mais nous pouvons partager notre enthousiasme à connaître le Christ, à atteindre les autres pour le Christ, à aider d’autres chrétiens à grandir en Christ, etc.
Qu’est-ce que cela signifie si vous ne pouvez pas respecter, apprécier la communion avec, et parler en bien des chrétiens comme cela ? Cela signifie que vous êtes immature, parce que vous avez une norme charnelle pour évaluer les autres chrétiens – en accord avec vos libertés personnelles plutôt qu’avec un amour commun pour le Christ et sa cause. Par conséquent, juger les « faibles » en dit plus sur vous-même que sur eux.
Bien sûr, les « faibles » ne doivent pas juger les « forts » (Ro. 14.3b,10). Si vous faites cela, vous êtes aussi immature, et vous pouvez devenir un pharisien …
Le deuxième principe de Paul tempère le premier. Tout en ne jugeant pas les « faibles », les « forts » doivent jouir de leur liberté – avec discrétion envers les « faibles ».
J’insiste sur ce principe parce que certains chrétiens interprètent à tort des versets comme Romains 14.21 (ou 1 Corinthiens 8.13) comme un commandement de renoncer définitivement à ces libertés parce qu’il peut y avoir quelques « faibles » dans les environs qui en seront gênés.
Mais ce n’est pas ce que Paul dit, comme l’indique clairement la lecture de ces textes dans leur contexte. Romains 14.22 (le verset suivant !) indique clairement que Paul ne veut pas que les « forts » abandonnent leurs libertés. Et 1 Corinthiens 10.25-30 (lire) indique clairement que Paul voulait qu’ils restreignent leur liberté de manger de la viande sacrifiée aux idoles uniquement en présence de certains chrétiens « faibles ». Sinon, ils étaient libres d’en manger.
Chaque vendredi soir, je rencontre une demi-douzaine de jeunes chrétiens. Nous nous asseyons autour d’une table pendant deux heures, étudiant la Bible et priant ensemble. Ensuite, nous mangeons de la pizza et buvons des boissons gazeuses ou de la bière. Personne n’a jamais été proche de l’ivresse, et aucun buveur de bière ne s’est moqué d’un buveur de boisson gazeuse. C’est dans ce contexte qu’ont lieu certaines de mes plus belles rencontres et, au fil des ans, j’ai vu des dizaines d’hommes inspirés et équipés pour devenir des travailleurs chrétiens dans ce cadre. Je suis également conscient qu’il y a de nombreux chrétiens à Columbus (aussi bien que les « faibles » que des pharisiens) qui auraient du mal à croire que je puisse être un authentique leader chrétien et permettre (et encore moins participer) à cette activité. Devrions-nous arrêter cette pratique fructueuse parce que certains chrétiens de Columbus seraient offensés s’ils en avaient connaissance ? Leur faiblesse doit-elle nous priver de notre liberté dans ce domaine ? Je ne le pense pas …
La réponse n’est pas que le « fort » devienne « faible », mais plutôt le contraire (comme nous le verrons bientôt). Mais si vous êtes tellement attaché à profiter de vos libertés que vous ne pouvez pas les sacrifier pour le bien d’un frère « plus faible » lorsque cela est nécessaire, alors vous avez un problème.
Lire Romains 14.13-15, 20-23. Le point principal de ces versets est clair comme de l’eau de roche : ne faites pas trébucher les « faibles » en pratiquant votre liberté de manière égoïste. Avant de pouvoir mettre ce principe en pratique, nous devons bien comprendre ce que signifie trébucher quelqu’un.
Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu un chrétien plus âgé réprimander un plus jeune chrétien pour être allé dans des bars et avoir commandé de la bière dans ce cadre. Il disait : « Ce que tu fais me fait trébucher, et Paul dit que tu ne devrais pas faire trébucher ton frère !” J’ai dû intervenir parce qu’il appliquait mal ce passage.
Faire trébucher quelqu’un signifie inciter un chrétien plus faible (et généralement plus jeune) à violer sa propre conscience et à vous rejoindre dans votre liberté.
Ce n’est pas ce qui se passait avec ce type. C’était un chrétien plus âgé, et il ne se sentait pas tenté d’aller dans un bar et de boire une bière. Il appliquait mal ce passage et jugeait le jeune chrétien (« faible» contre « pharisien »).
Mais il y a beaucoup de situations qui sont admissibles. DRAMATISER LA SITUATION ROMAINE : « He, arrêtons-nous au restaurant Aphrodite pour un sandwich au rosbif ... ». DRAMATISER LA SITUATION ACTUELLE : « Hé, faisons la grasse matinée demain … ».
Pourquoi est-ce si mal, si la liberté que vous essayez de les inciter à exercer n’est pas en fait moralement mauvaise ? Pourquoi Paul dit-il que cela peut « blesser », « détruire », « abattre » (Ro. 14.15,20) ? La question est le rôle de la conscience (lire 1 Corinthiens 8.9-12).
Notre conscience est un système d’avertissement moral instillé par Dieu qui rend des verdicts sur notre comportement en se déclenchant lorsque nous violons les normes. Comme nous sommes des êtres déchus, ce système ne fonctionne pas parfaitement. Les « faibles » ont une conscience trop sensible. Mais puisque Dieu nous guide moralement à travers nos consciences, il ne veut jamais que nous violons ses avertissements. Si nous commençons à le faire (même pour des questions non morales), nous risquons de « cautériser » notre conscience et de l’ignorer pour des questions moralement destructives.
Au contraire, Dieu veut former nos consciences pour qu’elles se conforment à sa volonté morale pour nos vies – en sensibilisant certaines zones engourdies et en désensibilisant d’autres zones – et la façon dont il forme nos consciences est d’apprendre sa parole.
Jusqu’à ce qu’un chrétien « faible » ait sa conscience renforcée par des convictions fondées sur la Bible, nos efforts pour l’influencer vers des libertés légitimes nuiront à sa marche avec le Christ. Au lieu de cela, soutient Paul, nous devrions être disposés à supporter les faiblesses de ceux qui n’ont pas de force, et pas seulement à nous plaire à nous-mêmes (Ro. 15.1).
Cela signifie que nous ne devrions pas lui faire honte ou le ridiculiser pour s’être restreint dans ces domaines, mais plutôt exprimer le respect de sa conscience .
Cela signifie que, lorsque cela est nécessaire, nous devrions même être prêts à sacrifier l’exercice de notre liberté en sa présence si nous pensons que cela va le faire trébucher (Exemple : boire l’alcool en présence de nouveaux convertis musulmans impressionnables).
Êtes-vous indisposé à faire ces sacrifices pour aider vos « frères plus faibles » ? Alors vous êtes peut-être « fort », mais vous n’êtes pas mature !
Il n’y a aucune valeur à rester « faible » dans la foi. Paul voulait que tous ses convertis apprennent et jouissent de leur liberté en Christ dans toute la mesure de leur responsabilité (Galates 5.1), et il défendait ses jeunes convertis « forts » contre les pharisiens. J’en conclus que, lorsque cela est possible, nous avons la responsabilité d’aider avec délicatesse les chrétiens « faibles » à devenir « forts ». C’est peut-être ce que Paul veut dire en Romains 14.16-19 (lire). En acceptant les chrétiens « faibles » et en respectant leur conscience, nous devons aussi les aider à découvrir dans la parole de Dieu le fondement de notre liberté et de la leur.
Ce n’est pas seulement parce que la liberté personnelle dans le Christ est un bien fondamental. C’est aussi parce que les chrétiens « forts » sont généralement plus efficaces pour atteindre les gens pour Christ. C’était clairement la préférence de Paul pour lui-même et pour ceux qu’il dirigeait (voir 1 Corinthiens 9.19,21). Si nous voulons gagner les païens à Christ, nous ne devons pas imposer d’obstacles éthiques ou culturels inutiles.
Cela a fait une différence pour moi (et pour beaucoup d’entre vous ici). Il a concentré le problème là où il devait l’être – pas : « Êtes-vous prêt à abandonner toute récréation et à rejoindre une sous-culture ? » mais « Voulez-vous recevoir le don du pardon complet de Dieu et une relation avec le Christ qui change la vie ? » Il est déjà assez difficile de s’incliner devant le Christ et d’admettre que vous en avez besoin. Nous ne devrions pas rendre les choses plus difficiles en ajoutant un tas de règles et de restrictions fabriquées par l’homme.