Colossiens est une lettre de Paul (l’un des dirigeants du mouvement chrétien primitif, emprisonné à Rome au moment de la rédaction de cet lettre) aux chrétiens de Colosses (une petite ville située dans ce qui est maintenant le sud-ouest de la Turquie). Paul n’avait jamais rencontré ces chrétiens, mais il a écrit cette lettre afin d’approfondir leur compréhension de qui est Jésus (Col. 1.15-20), et de ce qu’il a accompli pour eux par sa mort sur la croix (Col. 2.10-15).
Mais au milieu de son enseignement, Paul s’écarte soudainement pour parler de ses souffrances actuelles (Col. 1.24-2.1). Notez : « Souffrance et afflictions » se réfèrent à l’adversité circonstancielle, tandis que « travail » et « lutte » se réfèrent aux sacrifices douloureux que l'on s'impose à soi-même.
Pourquoi Paul s’écarte-t-il du sujet ? Non pas pour obtenir leur pitié, mais pour soulager leur détresse. Nous savons par une autre lettre qu’il leur a écrite (ainsi qu’à d’autres personnes de leur entourage) qu’ils étaient tellement affligés par les souffrances de Paul qu’ils étaient tentés de se décourager et d’abandonner (Éphésiens 3.13 ; « Si suivre Jésus mène à cela, à quoi bon ? »). Paul dit : « Cela ne doit pas vous décourager. Je n’ai pas perdu courage. Je me réjouis même au milieu de mes souffrances. » C’est ce que nous pourrions appeler une souffrance victorieuse.
Ce qui est encore mieux, c’est qu’il leur dit ce qui lui permet de souffrir victorieusement – pour qu’ils puissent eux aussi souffrir victorieusement. Et pour que nous le puissions aussi ! Examinons les trois clés de Paul pour une souffrance victorieuse. Ce ne sont pas les seules clés, mais elles vous mèneront loin !
Si l’on veut souffrir victorieusement, il faut avoir une philosophie de l’histoire. Cela peut sembler abstrait et, au départ, sans intérêt, mais il faut commencer par là. Les êtres humains ont intrinsèquement besoin de savoir où va l’histoire afin de donner un sens global à notre vie et d’espérer en l’avenir. C’est le fondement qui nous motive à nous sacrifier et nous fortifie pour endurer les souffrances en cours de route.
Douglas Hyde était un dirigeant du mouvement communiste britannique au milieu du XXe siècle. Plus tard, il s’est rendu compte que le communisme était faux, et il est devenu un chrétien convaincu. Dans son livre Dedication and Leadership (Dévouement et leadership), il déplore que les communistes soient bien plus disposés à souffrir et à se sacrifier pour leur fausse cause que la plupart des chrétiens ne sont disposés à souffrir et à se sacrifier pour leur vraie cause. Pourquoi ? Parce qu’ils croyaient que « […] il y a une grande bataille qui se déroule dans le monde entier et qui, en dernière analyse, est une lutte pour les cœurs, les esprits et les âmes des hommes […],(et cela) bien que nous ne voyions peut-être pas la fin de la bataille, son issue sera très probablement décidée dans la période dans laquelle nous vivons. » C était leur conviction que l’histoire se dirigeait vers un état ouvrier sans classes et qu’ils avaient un rôle clé à jouer dans cette évolution.
Cette même perspective domine l’esprit de Paul et brûle dans son cœur. Il sait où va l’histoire, et il sait à quelle étape spécifique de l’histoire il vit. C’est ce qu’il décrit en Col. 1.26-27.
L’histoire se dirige vers le règne du « Christ ». « Christ » se réfère à Jésus, et c’est son titre – le Messie, le souverain oint de Dieu qui, un jour, délivrera le monde du mal et rétablira le règne juste de Dieu sur toute l’humanité (« l’espoir de gloire »). Au cours de la période de l’Ancien Testament, Dieu a travaillé à travers la nation d’Israël pour faire avancer son plan. De leur nation, il a promis que le Messie naîtrait et à travers leurs prophètes, il a donné des prédictions spécifiques sur le Messie qui leur permettraient de le reconnaître lorsqu’il viendrait (par exemple, sa lignée, l'époque, son lieu de naissance, son ministère, sa mort).
Jésus a accompli toutes ces prédictions, aboutissant à sa mort en paiement des péchés de l’humanité. Mais ce que l’Ancien Testament ne révélait pas clairement était la prochaien étape du plan de Dieu. C’est ce que Paul appelle « le mystère ». Au lieu que Dieu continue à agir par l’intermédiaire de la nation d’Israël, Jésus habite désormais personnellement chaque personne qui croit en lui, quelle que soit son origine ethnique (« Christ en vous [les païens] »). Cette nouvelle entité multiethnique (« son corps, qui est l’Église ») doit répandre cette bonne nouvelle à tous les autres groupes ethniques. Jésus a dit à ses disciples que cette œuvre était la plus importante de cette période de l’histoire car son achèvement amènerait son retour pour régner (Matthieu 24.14).
Paul était absolument saisi par cette compréhension de l’histoire, et il se sentait profondément privilégié de vivre à ce stade du plan de Dieu, comme le montre son langage en Col. 1.26-27. C’était le fondement qui le fortifiait pendant ses souffrances et le motivait à se sacrifier.
Lorsque je suis devenu chrétien dans les années 1970, les gens de notre culture n’étaient pas d’accord sur la direction que prenait l’histoire, mais la plupart croyaient qu’elle allait quelque part. Les nouveaux chrétiens avaient donc déjà cette catégorie, et pourraient peut-être plus facilement adopter la position biblique. Mais aujourd’hui, nous vivons dans une culture qui, pour de nombreuses raisons, est cynique à l’égard de toute prétention à savoir où va l’histoire. Ce cynisme fait partie de « l’aire » philosophique que nous respirons. Et ce cynisme érode tout catégorie de cause plus grande que soi, et donc érode toute raison de souffrir et de se sacrifier.
Je trouve que la plupart des chrétiens n’ont tout simplement pas de convictions profondes sur cette question cruciale, et par conséquent (comme la plupart des non-chrétiens), ils n’ont pas la ténacité à la souffrance et la motivation au sacrifice qui sont leur droit d'aînesse.
Comment pouvez-vous construire cette fondation ? Vous pouvez vous familiariser avec les prophéties bibliques accomplies. Vous pouvez lire des livres qui se concentrent sur le plan de Dieu pour l’histoire, comme God’s Incredible Plan (L’incroyable plan de Dieu) ou The Gospel of the Kingdom (L’évangile du Royaume). Vous pouvez suivre un cours d’histoire biblique ou de prophétie. Vous pouvez faire des recherches sur le statut actuel du christianisme parmi les nations du monde et découvrir où Dieu se déplace parmi les gens. Vous pouvez consulter une ressource comme le Projet Joshua (www.joshuaproject.net). Cela ne vous informera pas seulement ; cela vous fortifiera pour vous réjouir au milieu de votre souffrance.
Pensez à la façon dont les mères endurent la douleur de l’accouchement pour mettre au monde leur bébé, et à la façon dont les nouveaux parents endurent les difficultés de l’éducation des nouveau-nés. Ils mettent une nouvelle personne au monde, et cela en vaut la peine ! Il y a un sens plus profond derrière la douleur, le stress, l’insomnie, etc. Viktor Frankl, dans son livre Man’s Search for Meaning (La recherche de sens par l’homme), fait la même remarque. Alors qu’il était prisonnier dans un camp de concentration nazi, il a remarqué que seuls les prisonniers qui donnaient un sens à leur vie étaient capables d’endurer leurs terribles souffrances avec espoir et dignité. Ceux qui n’en avaient pas (qui ne vivaient que pour le plaisir, le confort, etc. se fanaient et mouraient rapidement. Frankl a ensuite développé ce qu’il a appelé la logothérapie (thérapie orientée vers le sens) – une forme de psychothérapie qui mettait l’accent (entre autres choses) sur le fait que la clé pour supporter victorieusement la souffrance était d’avoir un sens pour la vie qui était plus grand que le confort temporel et le bonheur circonstanciel. Frankl écrit :
Les gens ont assez pour vivre mais rien pour quoi vivre ; ils ont les moyens mais pas de sens […]. L’un des principes centraux de la logothérapie (est) que la préoccupation principale de l’homme n’est pas d’obtenir du plaisir ou d’éviter la douleur mais plutôt de voir un sens à sa vie. C’est pourquoi l’homme est même prêt à souffrir, à condition […] que sa souffrance ait un sens […]. Lorsque la recherche d’un sens par un individu est couronnée de succès, elle le rend non seulement heureux mais lui donne également la capacité de faire face à la souffrance.
Malheureusement (en tant qu’athée/agnostique), le mieux que Frankl pouvait faire était d’exhorter les gens à inventer leur propre signification. Mais parce que Dieu existe, et parce que Dieu peut nous parler par sa parole et son Esprit, nous pouvons découvrir le vrai sens de notre vie.
Paul a souffert victorieusement non seulement parce qu'il comprenait le plan de Dieu, mais aussi parce qu'il savait que Dieu lui avait donné un rôle unique dans son plan (Col. 1.25,28,29a). Bien qu'il méritait la condamnation de Dieu parce qu'il avait été un fanatique religieux qui avait persécuté et tué les disciples de Jésus, Jésus ne lui a pas seulement pardonné – il lui a aussi donné le privilège ironique de conduire les païens (les Gentils) à la foi en Jésus et de les aider à croître dans leur foi.
C'est pourquoi Paul peut dire qu'il ne perd pas courage, mais qu'il se réjouit même, en dépit de ses souffrances. Il voit que ses souffrances ont un sens, qu'elles valent la peine d'être vécues parce qu'elles font avancer le plan de Dieu de racheter les autres (« pour ton bien », « en ton nom », « pour ton compte »). C'est ce qu'il veut dire lorsqu'il affirme qu'il aide à compléter ce qui manque dans les afflictions du Christ (Col. 1.24b). La souffrance de Jésus sur la croix a été pleinement suffisante pour payer nos péchés (voir Col. 2.10-14), mais pour que le monde bénéficie de ce qu'il a fait, ses disciples doivent répandre cette nouvelle dans le monde entier. Et pour diffuser cette nouvelle, chacun de nous doit endurer des souffrances.
Paul dit dans Éphésiens 2.10 que cela peut être vrai pour chacun d’entre nous. Nous sommes le chef-d’œuvre de Dieu ; le mot grec ici, poiema, signifie « poème ». Dieu est en train d'écrire sa grande histoire de rédemption, et il veut faire de nos vies un poème dans son histoire. Avant même que nous soyons nés, il a préparé de bonnes choses dans son plan pour que chacun de nous les accomplisse.
Vous pouvez jouer un rôle unique en aidant d’autres personnes à croire en Christ. Dans l’un de ses enseignements intitulés « Witness » (Témoin), Tim Keller dit :
Il y a des mains que tu es le seul à pouvoir tenir. Il y a des gens que tu es le seul à pouvoir atteindre. Il y a des cœurs brisés que toi seul peut guérir […]. Dieu t’a fait comme une empreinte digitale, et il y a certaines personnes qu’il veut toucher à travers toi, et elles ne seront pas touchées sans toi. Va, alors […].
Vous pouvez également jouer un rôle unique en aidant d’autres chrétiens à grandir dans leur foi. Nous explorerons ce point plus en détail dans la prochaine étude.
Lorsque vous saisissez cette vision pour votre vie, lorsque vous verrez Dieu aider les autres à travers vous de cette manière, alors vos souffrances et vos sacrifices ne vous écraseront pas parce que le sens de votre vie les depasse !
Si vous voulez être capable de souffrir victorieusement, vous devez comprendre le plan de Dieu, vous devez savoir que Dieu vous a donné un rôle unique dans son plan – et vous devez avoir accès à la puissance de Dieu. C’est ce que Paul possède (Col. 1.29). Il souffre dans son service pour aider les autres à croître en Christ – mais parce qu’il sert par la puissance de Dieu, il n’est pas brisé par sa souffrance. La puissance de Dieu lui donne la capacité d’être ferme au milieu de ses souffrances, et la puissance de Dieu peut donner cette même fermeté à chacun de nous (Col. 1.11).
La question clé est la suivante : comment accéder à la puissance de Dieu ? La Bible a beaucoup à dire en réponse à cette question, mais elle se résume à trois réponses principales :
Recevez le Christ comme votre Sauveur. Vous ne pouvez pas accéder à la puissance de Dieu tant que le Saint-Esprit ne vous habite pas (Actes 1.8). Et la Bible dit que le Saint-Esprit vous habite au moment où vous croyez à l'Évangile (Éphésiens 1.13,14). Certains d'entre vous lisent peut-être ces lignes sans avoir accès à la puissance de Dieu. Vous vivez votre vie par votre propre force, et vos souffrances vous écrasent. Mais vous pouvez prendre une décision qui changera tout cela. Vous pouvez crier à Jésus avec foi et le recevoir comme votre Sauveur. Au moment où vous vous confiez à lui, il vous pardonnera tous vos péchés et enverra son Esprit vivre en permanence dans votre cœur. Et puis vous aurez accès à son pouvoir !
Une fois que vous avez reçu le Christ, vous devez vous aligner sur le dessein de Dieu. Beaucoup de vrais chrétiens sont habités par l’Esprit de Dieu, mais n’expérimentent pas sa puissance. Pourquoi en est-il ainsi ? Le Saint-Esprit n’est pas une force que vous pouvez utiliser à vos propres fins. C’est une personne qui vous donne les moyens d’accomplir le dessein de Dieu – attirer les gens à mettre leur confiance en Jésus et de les aider à croître en Jésus. Est-ce là votre objectif ? Vous êtes-vous déjà donné à Dieu pour être son instrument au service de ses desseins (Romains 6.13) ?
Si vous êtes habité par l’Esprit de Dieu et que vous êtes aligné sur son dessein, demandez simplement à Dieu la puissance de son Esprit dans chaque situation. Dans Luc 11.13, Jésus promet que Dieu donnera le Saint-Esprit pour donner du pouvoir à ses enfants lorsqu’ils le lui demanderont. Vous pouvez être habité par l’Esprit, et être aligné sur le dessein de Dieu, mais manquer de la puissance du Saint-Esprit simplement parce que vous ne le demandez pas régulièrement ! À quelle fréquence demandez-vous ? Au cours de la semaine dernière, lorsque vous avez tendu la main à des personnes qui ne connaissent pas Christ, ou lorsque vous avez essayé d’aider d’autres chrétiens à croître en Christ – combien de fois avez-vous demandé à votre Père la puissance de son Saint-Esprit ? Demandez-lui cette semaine, et voyez la différence !