L’église de Colosses était influencée par des enseignants pseudo-chrétiens qui préconisaient certaines pratiques religieuses comme ayant nécessaires à la maturité spirituelle. Dans Colossiens 2.8, Paul met en garde l’église contre le risque de se laisser captiver par ces faux enseignants. Il rejette ces pratiques comme dangereuses pour leur santé spirituelle, car elles les éloignent de la maturité spirituelle.
Il ne faut pas s'étonner que ces pratiques religieuses soient au cœur d’autres religions du monde. Mais ce qui est étonnant et tragique, c’est qu’elles ont été courantes dans la plupart de la chrétienté depuis 2000 ans ! C’est comme si la plupart de l’église n’avait jamais lu ce passage (et bien d’autres comme lui) !
Si vous voulez développer spirituellement, vous devez être capables d’identifier ces pratiques religieuses, de résister à ceux qui les préconisent et de les déraciner de votre propre vie. Donc le ton de cet enseignement (comme ce passage) sera négatif – mais par loyauté envers Jésus et l'amour, pas par méchanceté ou supériorité.
Les rituels auxquels Paul fait référence dans Colossiens 2.16 sont les rituels prescrits par Dieu dans l’Ancien Testament. Les lois alimentaires et les divers jours saints du calendrier juif faisaient partie de toute une manière de se rapporter à Dieu (centrée sur l’offre de sacrifices par l’intermédiaire de prêtres) qui était rituelle. Par « ritualisme », je veux dire se rapporter à Dieu principalement par des rituels prescrits. Les chrétiens colossiens n'avaient pas pratiqués ces rituels – mais les faux enseignants les jugeaient comme non spirituels pour leur non-pratique, et ils hésitaient.
Le ritualisme est un élément clé de presque toutes les grandes religions du monde, à l’exception du christianisme biblique. Bien sûr, de nombreuses dénominations « chrétiennes » sont extrêmement ritualistes.
Pourquoi Paul nous met-il en garde contre le ritualisme ? La réponse se trouve dans le verset suivant, Colossiens 2.17. Le ritualisme est profondément désynchronisé par rapport à ce que Dieu fait, car il se concentre sur les « ombres » au lieu de la « substance » ou de la « réalité ». Ces rituels étaient des« ombres » du Christ. L’ensemble du système rituel de l’Ancient Testament était une présentation multimédia divinement inspirée qui communiquait des images du désir de Dieu d’habiter dans son peuple (le tabernacle), leur péchés qui a empéché Dieu d'habiter en eux (barrières et voile), et sa future provision de pardon par la mort du Christ qui lui permettrait d’habiter en nous (prêtre et sacrifice). Dieu voulait que son peuple soit constamment rappelé de ces questions centrales.
Mais maintenant, les « ombres » ont été accomplis par la « réalité » - une relation personnelle avec Dieu par le Christ (Col. 1.27 – « Christ en vous »). Paul fait la même remarque dans Galates 4.4-6. Par sa mort, Jésus a fourni un pardon complet et l’adoption dans la famille de Dieu afin que nous puissions être habités par son Esprit et nous relier à lui personnellement en tant que notre « Abba » (papa). Au moment où vous recevez le Christ, Dieu vous accorde en permanence ces dons. Vous pouvez vous rapporter à Dieu où que vous soyez, en sécurité dans son amour, partager vos problèmes et vos joies, lui demander l’aide dont vous avez besoin, le remercier pour son implication dans votre vie, etc. Ce n’est pas seulement qu’il n’y a plus besoin de ritualisme maintenant, c’est que le ritualisme interfèrerait avec le développement et la jouissance de votre relation personnelle avec Dieu.
C’est pourquoi il y a un changement aussi radical dans le rôle de rituel d'avant la venue de Jésus à depuis qu'il est venu. Il y avait des centaines de rituels prescrits pour le peuple de Dieu dans l’Ancien Testament, mais il n’y en a que deux depuis sa mort et sa résurrection (et l’un de ces deux – le baptême – n’est fait qu’une seule fois). Il y avait des instructions détaillées sur la façon de pratiquer les rituels de l’Ancien Testament (en raison de leur signification symbolique), mais il y a très peu d’instructions sur la façon de pratiquer le baptême et la communion. Si peu, enfait, que l’église s’est tragiquement battue pendant des siècles sur la façon de les pratiquer !
C’est pourquoi Paul poursuit en disant que pour les chrétiens, revenir au ritualisme ne constitue pas un progrès spirituel, mais plutôt une régression spirituelle (Galates 4.9-11). Imaginez une fille séparée de son père dès sa naissance. Elle n’a que des photos de lui, qu’elle chérit et regarde constamment. Puis il revient. Ne devrait-elle pas se rapporter aux images différemment maintenant ? Elle ne les détesterait pas et ne les jetterait pas, mais elle ne se rapporterait plus à son père à travers eux. Et si, après avoir commencé à apprécier ces relations avec lui, elle revenait à ses relations avec lui à travers son album ?
Évitez donc le ritualisme ! Il donne une fausse image du christianisme au monde extérieur et entrave votre maturité spirituelle.
Colossiens 2.18 identifie une deuxième pratique religieuse par laquelle les chrétiens sont généralement attirés hors du chemin de la maturité spirituelle. Paul décrit certaines personnes qui considéraient les chrétiens de Colosses comme des « citoyens de seconde classe » parce qu’ils n’avaient pas vécu certaines expériences spirituelles dramatiques. De toute évidence, ces personnes s’étaient privées de nourriture ou de sommeil, ou s’étaient même battues (« abaissement de soi ») afin d’induire un état de conscience altéré. Elles ont eu une soi-disant « vision » dans laquelle elles ont soit adoré des êtres angéliques, soit vu des anges adorer Dieu. Parce qu’ils ont eu cette expérience, ils ont prétendu avoir la « piste intérieure » de Dieu. De toute évidence, ils disaient aux Colossiens que s’ils ne vivaient pas desexpériences similaires, ils resteraient spirituellement bloqués dans leur croissance spirituelle.
Le nom le plus commun pour cela est le mysticisme. Le mysticisme est une déformation ou une contrefaçon de la relation personnelle avec Dieu décrite ci-dessus. C’est la recherche d’expériences spirituelles dramatiques comme clé de la maturité spirituelle. Le mysticisme est la forme dominante de spiritualité dans certaines parties du monde aujourd’hui. Dans des endroits comme l’Europe et l’Amérique du Nord, le naturalisme athée a créé un énorme vide spirituel dans le cœur des gens (et a discrédité la Bible comme guide faisant autorité pour connaître Dieu). Maintenant, toutes sortes de mysticismes se précipitent pour combler ce vide.
Quel est le problème avec le mysticisme ? Pourquoi Paul était-il si contrarié par ce phénomène ? Ce n’est pas parce que Dieu n’accorde jamais d’expériences spirituelles dramatiques à son peuple. Paul avait vu le Christ ressuscité lors de sa conversion et plusieurs fois depuis. Il avait été enlevé en vision dans la présence de Dieu et avait entendu des choses impossibles à décrire (2 Corinthiens 12.2-4). Je dirais que ce sont des expériences spirituelles dramatiques !
L’un des dangers du mysticisme est que le soif d'eux peut vous conduire à la tromperie spirituelle. Les démons peuvent offrir des puissantes expériences spirituelles. Si votre objectif est d’en avoir, vous pouvez être égaré du droit chemin par quiconque ou quoi que ce soit qui les offre.
Un autre danger est que le fait d’avoir de véritables expériences spirituelles dramatiques peut vous amener à penser que vous êtes mature parce que vous les avez. Mais il n’y a aucun lien biblique. Les chrétiens de Corinthe avaient toutes sortes d’expériences spirituelles dramatiques, et pourtant Paul les qualifie d’immatures parce qu’il leur manque la preuve de la maturité spirituelle – l’amour du service (1 Corinthiens 13). D’autre part, de nombreux chrétiens deviennent des serviteurs matures et aimants de Jésus sans jamais avoir vécu d’expériences spirituelles spectaculaires.
Quel est l’antidote au mysticisme ? Lisez Colossiens 2.19. La critique de Paul à l’égard des mystiques inclut son antidote.
« Restez attaché au Christ, qui est la tête » signifie construire votre relation avec le Christ à travers la Bible. Paul le répète en Colossiens 3.16, et il utilise ce même verbe en 2 Thessaloniciens 2.13. Le mysticisme nous conduit au-delà loin de la parole de Christ – mais Christ nous rencontre personnellement à travers sa parole. (Sa parole nous fournit également la base pour discerner les expériences spirituelles).
« […] nourri et bien uni par ses jointures et ses articulations […] » signifie permettre régulièrement à d’autres chrétiens de vous communiquer sa parole et son amour (Éphésiens 4.14-16). Le mysticisme conduit à penser que vous êtes si proche de Dieu que vous n’avez pas besoin de son peuple. Le christianisme biblique conduit à écouter Dieu par l’intermédiaire de son peuple, qui nous apporte la parole de Dieu.
Le résultat de s’attacher au Christ de cette manière est une croissance authentique venant de Dieu, une croissance progressive de votre relation personnelle avec lui et de votre capacité à aimer les autres !
Lire Colossiens 2.20,22. On disait aux chrétiens de Colosses qu'il était mal de manger certains aliments – et suivre ces interdictions était la clé de la spiritualité. C’est du légalisme. Le légalisme fait référence à l’accent mis sur des règles et des interdictions créées par l’homme comme condition de la spiritualité.
La chrétienté a un riche héritage de légalisme. Des règles créées par l’homme, telles que l’interdiction de l’alcool, de regarder des films profanes, de jouer aux cartes, de se maquiller, d’écouter de la musique profane, de danser, etc. ont fait un mal incalculable aux chrétiens et des dommages à la réputation de Jésus.
La logique du légalisme est la protection contre le péché : « Si _____ est un péché, il est spirituel d’avoir une règle contre les activités qui pourraient vous inciter ou inciter les autres à faire _____ ». Le légalisme dit : « Si l’ivresse est un péché, alors il est spirituel d’interdire d aller dans des endroits où les gens s’enivrent. » Le légalisme dit : « Si l’immoralité sexuelle est un péché, alors il est spirituel d’interdire aux femmes de s’habiller d’une manière à inciter les hommes à la convoitise sexuelle. »
Quel est le problème du légalisme ? Dieu n’a jamais prescrit ces règles, alors qui sommes-nous pour établir des règles qu’il n’a pas établies, ou pour dire qu’il les a établies alors qu’il ne l’a pas fait ? Le légalisme déforme le christianisme et empêche la maturité spirituelle de plusieurs façons :
Paul résume sa critique de ces trois pratiques religieuses dans Colossiens 2.23. Quelle critique perspicace ! Elles ont l'air extérieurement impressionnantes, mais elles sont impuissantes à résoudre le vrai problème – notre égocentrisme. Vous pouvez être profondément impliqué dans l’une ou l’autre de ces pratiques sans aimer personne ! Enfait, elles ont tendance à promouvoir l’orgueil moralisateur, qui est l’antithèse de la vraie spiritualité !
Non seulement le christianisme biblique définit différemment la maturité spirituelle (grandir dans l’amour par rapport à la diligence dans ces pratiques religieuses); il prescrit également une manière totalement différente de progresser vers la maturité spirituelle. C’est ce que Paul explique dans Colossiens chapitres 3 et 4.
